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Paul Cézanne (1839-1906) Peintre français |
Paul Cézanne . Peintre français, considéré comme le précurseur de l'art moderne.
Il lutta contre le rendu gracieux et incertain des impressionnistes pour imposer un art de la synthèse qui, en marquant la construction des volumes, en proposait la densité physique et temporelle.
Les solutions plastiques de Paul Cézanne eurent une incidence primordiale sur l'évolution de l'histoire des formes. Pablo Picasso en analysa les aboutissements dans la mise en place du nouvel espace cubiste, axé sur la construction comme sujet même de la toile.
Toutefois, sont œuvre resta largement ignorée pendant la plus grande partie de sa vie. Travaillant dans un isolement presque complet, il se méfiait des critiques et des expositions. Sa famille ne comprit ni son comportement ni la portée révolutionnaire de son art.
Débuts à Paris
Fils d'un riche banquier, il naquit le 19 janvier 1839, à Aix-en-Provence. Il eut pour ami d'enfance émile Zola et, comme lui, manifesta un intérêt pour les disciplines humanistes. Après des études de droit, il se vit accorder par sa famille une petite pension et partit étudier la peinture à paris. Entre 1862 et 1869, aux côtés de Zola, il partagea sa vie entre aix et paris où il assista, sur le plan des idées formelles, à l'opposition entre un éclectisme romantique déclinant et la naissance d'un réalisme révolutionnaire incarné par gustave courbet et édouard Manet . L'œuvre d'Eugène Delacroix, à la croisée de ces deux conceptions, retint son attention, ainsi que l'étude, au Louvre, des toiles de Vélasquez et du Caravage.
Influence des impressionnistes
Ses premiers tableaux révélèrent son goût des allégories. La nostalgie d'un romantisme s'y exprime en une manière lourde, forte en matière, pastichant et récapitulant la génération antérieure. Toutefois, alors même que Zola poursuivait sa quête d'un roman réaliste, il s'intéressa peu à peu à la représentation du réel en peignant des portraits et des natures mortes sans souci d'idéalisation thématique ni d'affectation stylistique. Il en est ainsi de la Pendule au marbre noir (1869-1870, collection particulière, Paris) où le peintre, en omettant la représentation des aiguilles, fige le temps et marque la pesanteur physique des objets. L'influence la plus décisive qu'il reçut alors fut celle de Camille Pissarro , chez lequel il s'installa à auvers-sur-oise, en 1872. pissarro enseigna au jeune peintre aixois la technique de la peinture de plein air qualifiée négativement d'impressionniste par la critique dès 1874. Avec Claude Monet , Auguste Renoir et quelques autres, pissarro avait forgé un style qui supposait un travail rapide et subjectif, à l'aide de petites touches de couleur pure, pour rendre l'évidence de la vie en marche. Ces artistes espéraient saisir les notes les plus éphémères de la nature et consigner leur propre interprétation visuelle — tout aussi fugace — de cet instant. Sous le patronage de Pissarro, de 1872 à 1873, il abandonna les tonalités sombres pour des teintes vives et s'orienta de plus en plus vers les scènes de la vie rurale où la couleur prenait le pas sur le mouvement.
Retour à Aix-en-Provence
Sous l'amicale pression de Pissarro, il participa à certaines des expositions impressionnistes qui rompaient, par la volonté économique et esthétique d'échapper aux circuits artistiques traditionnels, avec l'officialité. Devant l'hostilité et l'incompréhension, il s'éloigna de ses compagnons parisiens entre la fin des années 1870 et le début des années 1880, et passa l'essentiel de son temps à Aix. Il cessa de travailler en étroite collaboration avec pissarro à partir de 1882, et prit ombrage, en 1886, de la parution du roman de Zola, l'Œuvre, où l'écrivain brossait le portrait d'un peintre réaliste incapable de capturer le réel autrement que dans la mort. Voyant ainsi le miroir de ses difficultés, il rompit avec son plus ancien admirateur. La même année, il hérita de la fortune de son père, acquérant ainsi une aisance financière certaine qui lui permit l'isolement et la concentration sur son travail, hors de toutes autres contingences formelles ou matérielles.
Utilisation de la couleur
Les années 1880-1890 furent celles de la maturité du style cézannien. Durant cette période prolifique, il continua de réaliser des études d'après nature dans la mouvance impressionniste, tout en cherchant le moyen de rompre avec une peinture de la nuance fugace pour une peinture de la durée. Autrement dit, substituer au temps qui passe dans la lumière changeante du jour la pesanteur éternelle des objets. Il voulait marquer la construction de l'espace pictural plutôt que l'apparence du moment, sans pour autant sacrifier la puissance évocatrice des couleurs. Afin de répondre à cette exigence, il systématisa le procédé de la touche directionnelle. La touche, en plus d'une information sur la couleur et la matière d'un objet, allait rendre, par sa disposition et par son orientation, le volume de l'objet dans l'architecture générale de la toile. Par un faisceau de touches posées verticalement pour la peinture d'un arbre, et de touches posées horizontalement pour le rendu de la mer, il dessinait directement dans la couleur, matérialisant ainsi d'une trame géométrique les éléments du réel.
La dernière période
Son style évolua vers une simplification des formes, une géométrie dissolue au fur et à mesure dans la couleur. Ainsi, la série de la Montagne Sainte-Victoire, où, sur le procédé impressionniste de la répétition graduée du motif, il proposa une réflexion sur la notion même de paysage en étageant le rendu perspectif des plans (la Montagne Sainte-Victoire, vue de Bibémus, 1898-1900, musée d'art de Baltimore). La dernière partie de son travail se caractérisa par la mise en place de grands portraits (série des Grandes Baigneuses, 1898-1905, musée of art, Philadelphie ; Barnes Foundation, Merion ; les Grandes Baigneuses, National galerie, Londres), dans lesquels les corps humains deviennent d'amples volumes sculpturaux architecturés par les modulations de la couleur.
La génération suivante de peintres adopta peu à peu la plupart des caractéristiques propres à Paul Cézanne. Cette génération sentit la nécessité, impérieuse quoique complexe, de trouver un souffle nouveau, susceptible de redonner à l'art moderne sa sincérité et son engagement, les visées naturalistes de l'impressionnisme ayant sombré dans l'académisme.
Importance de l'œuvre de Paul Cézanne
Pendant de longues années, son travail ne fut connu que de ses amis impressionnistes et de quelques artistes comme vincent van gogh et Paul Gauguin . En 1895, toutefois, Ambroise Vollard, ambitieux marchand d'art parisien, organisa une exposition des œuvres de Paul Cézanne, qu'il continua de promouvoir avec succès, pendant plusieurs années. En 1904, il figura dans une importante exposition officielle et, à sa mort (à Aix, le 22 octobre 1906), il avait acquis une reconnaissance considérable. Dans les dernières années de sa vie, beaucoup d'artistes plus jeunes partirent pour Aix afin d'observer son travail. La génération devait se souvenir de son emblème : l'étude de la nature doit produire un enseignement.
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